« Un garçon, c’est fort et courageux, ça n’a pas peur ! «
Mes parents avaient beau me répéter ça, moi, à 2 ans, 4 ans, 6 ans, … j’avais peur. …
Peur de mon père d’abord, des gens que je ne connaissais pas, des petites bêtes, des grosses bêtes …
Et puis, j’ai grandi, il y a toujours quelques bêtes qui me font peur, mais j’ai surtout peur qu’il arrive du mal à mes enfants.
Allo docteur ? Suis-je normal ?
Et bien en fait, il semble que oui, la peur fait partie de la vie !
Mais à quoi sert-elle
Fonction biologique de la peur
La fonction de la peur est de nous signaler un danger, c’est le panneau triangulaire sur la route. Quand on le voit, on ralentit et on est attentif, on prend une déviation, on fait demi-tour. Avoir des peurs, c’est normal et parfaitement sain.
Quand on est effrayé, c’est qu’on a détecté une situation dangereuse. Il faut faire attention, être bien concentré sur ce qu’on fait, et parfois, faire demi-tour, changer nos plans. Voilà, c’est ça la peur et c’est très bon pour nous. C’est une protection.
Cette réaction naturelle de peur est très utile. Le seul problème, c’est quand on est dans les excès : « Même pas peur » ou « peur panique ».
« Même pas peur »
Quand on interdit à un enfant d’exprimer sa peu en se moquant ou en se fâchant, au bout d’un moment, il arrête de l’exprimer. Dans certains cas, l’enfant ne ressent même plus ses émotions. Son papa est fier d’avoir un garçon courageux. Mais, arrivé à l’adolescence, personne ne comprend pourquoi il a des comportements à risques.
C’est comme si on disait aux personnes qui passent le permis de conduire, de rouler sans tenir compte des panneaux triangulaires et de continuer à foncer. C’est dangereux !
Un jeune qui a un accident de moto en roulant à 150 km/h en roue arrière sur une petite route, il n’a pas conscience du danger. Un autre qu’on retrouve en overdose, il n’a pas eu peur de la drogue. Et un troisième qui publie sur internet ses ébats avec une jeune fille ne s’inquiète pas du regard des autres …
Et pourtant, ils auraient dû avoir peur !
« peur panique »
À l’inverse, en ignorant les ressentis de l’enfant ou en lui faisant vivre trop de peurs sans le rassurer, il ne développe pas assez de confiance en lui. Ses inquiétudes peuvent s’amplifier.
Il grandit en se limitant et en n’osant pas vivre de nouvelles aventures. Ses peurs l’empêchent de profiter de la vie.
Les réactions associées
Dans la nature, il existe 3 façons de réagir face au danger : fuir, attaquer et faire le mort (le blocage).
La peur, c’est le signal qui dit attention danger et qui déclenche, dans le corps, la réaction d’adaptation.
Depuis la nuit des temps, les émotions ont assuré la survie de l’espèce humaine : si on se retrouve face à un Mammouth, fuir pour se cacher est la meilleure solution. Face à un tigre, se préparer au combat est plus pertinent. Dans ces deux cas, le corps va libérer instantanément de l’adrénaline pour avoir un surplus d’énergie afin de réagir rapidement. Le corps va accélérer le rythme cardiaque pour avoir plus de sang qui circule. Les sens vont s’aiguiser pour capter un maximum d’informations.
Mais pourquoi le blocage ? Parce que, face à un serpent, rester immobile est la solution gagnante! Face à certains animaux, faire le mort, ne pas bouger est une stratégie efficace pour survivre.
Ces réactions ancestrales sont toujours dans notre biologie et lorsque la peur est grande, on peut détaler à toute jambe, devenir agressif ou rester pétrifié.
Un exemple, une personne timide, face à un groupe de personne, peut se retrouver complètement immobile, sans pouvoir parler, elle peut partir se cacher ou alors, elle peut aussi devenir agressive.
De même, lorsqu’on a une grosse frayeur, on peut se mettre à hurler. Cela a pour fonction d’avertir le groupe et appeler à l’aide. Au contraire, on peut aussi ne plus pouvoir parler pour se faire le plus discret possible et ne pas se faire remarquer.
Toutes ces réactions ont pour objectif unique de nous maintenir en vie ! Et donc, nier sa peur, c’est prendre un risque.
Avec les enfants, on fait quoi ?
On doit leur apprendre à identifier leurs peurs et à les réguler, progressivement, à leur rythme. Pour cela, on met des mots sur la peur pour qu’il puisse lui-même en parler et on l’accompagne dans ce qui lui fait peur en respectant son ressenti. (Voir l’article Aider un enfant à maitriser ses émotions)
On ne dénigre pas la peur, on ne se moque pas d’un enfant qui a peur. Sinon, il perd sa confiance en lui, ou pire, il arrête d’exprimer ses ressentis pour finir par ne plus la ressentir. En faisant ça, on prend le risque qu’il développe des conduites à risque à l’adolescence.
« Les enfants n’écoutent pas, ils imitent » alors, le mieux, c’est de montrer l’exemple : on exprime nos propres peurs en montrant comment on les dépasse. On montre l’exemple !
Un article intéressant et qui devrait être lu par nombre de parents.
La plupart d’entre eux essaient d’être de bons parents et font du mieux qu’ils peuvent. Pourtant, nous avons tendance à reproduire certains schémas, parfois douloureux.
« Sois courageux », « Ne sois pas si douillet », « Arrête de pleurer »… L’émotion est rarement bien vue dans la société et pourtant elle a une véritable utilité.
Et pour faire changer les mentalités, rien de mieux que d’enseigner aux plus jeunes.