T'as tort

Cherche pas, t’as tort !

« T’as tort » est un titre un peu provocateur. J’avoue ! Mais, mon but dans cette série d’article est de montrer comment notre cerveau nous trompe et comment l’utiliser pour être plus heureux ?

Pour les personnes qui ne sont pas fan de lecture, une version vidéo et plus complète de cet article est intégrée à la masterclass gratuite disponible à cette adresse.

Est-ce que vous avez remarqué une chose étonnante ?

Depuis le début de la crise du COVID, quand on interroge les gens dans la rue, ils ont presque tous un avis tranché sur ce qu’il faut faire : confinement, pas de confinement … Mais quand on interroge les spécialistes, ceux-là sont plus hésitants. Ils expliquent le pour, le contre, toutes les conséquences possibles, les choix à faire et finalement ils montrent qu’il n’y a pas de décisions faciles à prendre. Je viens même d’entendre une des plus grandes épidémiologistes de France dire « on arrive aux limites de nos connaissances et on ne peut pas prédire comment la situation va évoluer ».

Les études scientifiques montrent que moins on s’y connait sur un sujet et plus on a un avis tranché dessus et moins on est capable de relativiser cet avis.

À chaque coupe du monde de football, des dizaines de millions de Français se permettent de critiquer les décisions du sélectionneur : il ne fallait pas faire entrer machin, il faut sortir truc, il fallait sélectionner bidule…

Je trouve ça extraordinaire !

Chacun est absolument convaincu d’avoir raison, même ceux qui ne connaissent rien au sujet.

Pour comprendre ce phénomène, quelques informations sur le fonctionnement du cerveau peuvent s’avérer utiles.

Le cerveau

Notre cerveau est conçu pour assurer notre survie.

Son objectif principal est : rester en vie ! Mais comment s’y prend-il ?

Dans l’enfance, le cerveau se crée un répertoire de réactions adaptées aux situations nouvelles. Chaque évènement vécu dans l’enfance est rangé dans 3 catégories :

  • Les situations dangereuses donc à éviter
  • Les situations contribuant à notre survie donc à reproduire
  • Et les autres, à oublier.

Les situations dangereuses

Notre cerveau mémorise les situations dangereuses pour pouvoir les éviter. Ensuite, dès qu’une nouvelle situation ressemble à la situation mémorisée, le subconscient dit « stop, n’y va pas ! »

Ma fille, par exemple, son premier jour d’école, un autre enfant l’a tapée, sous les yeux de la maitresse qui n’a rien fait. Elle a développé une peur de l’école.

L’année d’après elle est tombée sur une instit qui hurlait sur les enfants. Finalement, son cerveau a fait une association : « école = danger ». Diagnostic officiel : refus scolaire anxieux (qu’on appelle aussi phobie scolaire).

Depuis, je fais le forcing auprès des établissements pour sélectionner les enseignants et ça va bien pour elle. On a corrigé le tir, mais combien d’enfants se retrouvent hors du système parce que les parents ne savaient pas comment gérer ces situations ?

Pour ma part, quand j’étais petit, j’ai été malade en pleine nuit. Je suis allé voir mes parents, mais ils étaient visiblement très occupés sous leur couverture. J’ai eu un choc et je n’ai pas osé les déranger. Mon cerveau a construit une structure : « ne pas déranger les gens pendant la nuit ».

Depuis, je suis très respectueux du sommeil des autres. Dès qu’il fait nuit, je demande à mes enfants de ne pas faire de bruit, je baisse le son de la télé. Je passe pour quelqu’un de très bien élevé auprès de mes voisins.

Mais, le jour où je suis tombé en panne de voiture en pleine nuit, j’ai dormi dans la voiture parce que je n’osais pas déranger quelqu’un en pleine nuit, ni mes parents, ni mes frères…

Depuis que j’ai fait un travail sur moi et que j’ai mis à jour mes croyances, je trouve ça ridicule.

Les situations assurant la survie

Le cerveau mémorise les comportements permettant la survie et incite à les reproduire. Le cerveau récompense tout comportement qui assure la survie  par une libération d’hormone apportant bien être :

  • De l’ocytocine quand on est en lien avec les autres ;
  • De la dopamine quand on atteint nos objectifs ;
  • Des endorphines en cas de douleur pour ne pas la ressentir le temps de se mettre à l’abri ;
  • De la sérotonine quand on est important pour les autres, car cela apporte une protection.

Prenons comme exemple un enfant qui n’obtient l’attention de ses parents que lorsqu’il est malade. Le reste du temps, ils sont occupés par leurs activités. A son âge, l’attention de ses parents est vitale. Il va vite comprendre que pour avoir son ocytocine, il va devoir se trouver des maladies.

À trente ans, il est tout le temps chez le médecin parce qu’il a une petite rougeur là, une démangeaison ici ou une petite douleur par là. Son cerveau a enregistré une stratégie. Mais, ce comportement, qui a été la stratégie gagnante dans la petite enfance n’est pas adapté à la vie d’adulte.

Un autre enfant qui obtient l’attention quand il fait le clown, avec un peu de talent et de chance, il devient humoriste. Mais il peut aussi devenir très lourd à faire des blagues en permanence.

Qu’est-ce qui favorise la mémorisation :

Le cerveau mémorise en créant des structures par connexions entre les neurones. Plus on répète un comportement, plus il y a de connexions affectées et plus le comportement est stable. Tous les sportifs le savent. En répétant les mouvements, ils deviennent automatiques.

On peut également créer des structures stables en une fois, si l’évènement est vécu avec émotion. Plus l’émotion est forte, plus le nombre de connexions qui se crée est important.

Est-ce que vous vous souvenez des attentats du 11 septembre ou ceux de Charlie hebdo ? De la naissance de votre premier enfant ?

Ce qui est vécu avec émotion forte crée une empreinte mnésique importante.

Élagage et maintien des structures

A  l’adolescence, un mécanisme d’élagage supprime les connexions liées aux comportements qui n’ont été réalisés que quelques fois. Mais des structures qui ont été renforcées par la répétition ou par association avec des émotions fortes deviendront des réactions automatiques.

Ensuite, le cerveau conserve toutes ces réactions automatiques. Une fois adulte, à chaque évènement qui se présente, votre cerveau cherche la situation mémorisée qui y ressemble le plus et déclenche la réaction automatique associée.

Exemples

Si quand j’étais petit, j’ai eu une forte contrariété, j’ai pleuré et maman est venue m’aider. Aujourd’hui, face aux contrariétés, j’ai envie de pleurer.

Si dans la même situation enfant, je me suis mis en colère et ça m’a aidé, adulte, je me mets en colère à chaque contrariété.

Il y a des gens perpétuellement en colère. C’est parce que cette réaction a été la solution à un moment donné et le cerveau l’a mémorisée comme méthode gagnante.

Si quand je fais quelque chose tout seul, mes parents ne sont pas contents et me dise comment j’aurais dû faire, il y a fort à parier que je manquerai de confiance en moi à l’âge adulte. Je rechercherai sans cesse l’approbation des autres ou alors je ne ferai plus rien par moi-même.

Ce ne sont que quelques exemples. Mais la majorité de nos réactions sont conditionnées par des structures neuronales qui se sont construites dans l’enfance.

Cherches pas, t’as tort

Pourquoi intituler cet article : cherches pas, t’as tort !

Si nos réactions sont conditionnées par les structures neuronales de la petite enfance, cela veut dire qu’elles sont probablement inadaptées aux situations actuelles.

Elles se sont créées à un âge où nous n’avions pas la maturité pour comprendre les choses dans leur globalité et à une époque où nous n’avions pas les ressources que nous avons maintenant. T’as tort ! T’as tort !

Avoir peur des inconnus, à 3 ans, c’est normal. Mais à trente ans, si je n’ose pas demander un renseignement parce que je ne connais pas la personne, c’est un handicap.

Ma première maitresse d’école criait fort et cela me faisait peur, aujourd’hui, je stresse dès que je suis en formation. C’est ridicule !

À deux ans ma mère s’est mise en colère sur le chat qui avait mangé sa quiche, à quarante ans, je déteste toujours les chats. Mais, depuis, j’ai trouvé plein d’arguments logiques pour les rejeter.

Prise de décision

Nos réactions d’adulte ne sont peut-être pas aussi logiques et rationnelles qu’on le pense. En effet, les travaux sur le cerveau ont montré que la prise de décision est émotionnelle et non rationnelle. (DAMASIO 1994). En effet, les travaux de Damasio et d’autres ont montré que si les parties du cerveau qui gère les émotions sont endommagées, une personne ne sait plus prendre de décisions.

Ainsi, les recherches récentes sur le cerveau ont montré qu’en général, on prend des décisions sur des bases émotionnelles et ensuite on les justifie par des arguments logiques. Les émotions agiraient comme des marqueurs indiquant à notre « raison » la bonne direction quand il faut prendre une décision. Ensuite, le cerveau « logique » se charge de trouver les arguments.

On est tous persuadés de faire l’inverse. On pense prendre des décisions logique et rationnelle. En fait les études sur le cerveau montrent l’inverse. Dans la majorité des cas la décision est émotionnelle et la logique vient ensuite pour justifier le choix.

Les commerciaux le savent : on ne vend pas une voiture en donnant des arguments, mais en faisant ressentir des émotions. La décision d’achat se fait sur un ressenti. C’est pour ça qu’on vous fait tester la voiture, pour que vous sentiez votre bien-être à l’intérieur.

La publicité pour les voitures ne vous donne pas les caractéristiques du véhicule, elle vous fait rêver à la vie que vous pourriez avoir si vous aviez cette voiture-là.

Ainsi, nos réactions émotionnelles sont inconscientes et automatiques, elles font appel aux structures créées dans l’enfance. Et donc, si l’on n’a pas fait un travail de développement personnel pour mettre à jour ses croyances. On se retrouve à prendre des décisions avec les structures neuronales d’un enfant de 3 ans.

Cherches pas, t’as tort !

On est tous persuadés d’être intelligents et de prendre des décisions logiques, mais souvent on ne comprend pas la logique des autres. Et bien oui, il n’y a rien de logique ! Ni pour l’un, ni pour l’autre.

Une très grande partie de notre structure neuronale est basée sur un regard d’enfant donc incomplète, voire fausse. (T’as tort) Mais on n’a pas conscience de ce processus et l’on a l’impression que nos décisions sont le fruit de notre grande intelligence.

La structure de notre cerveau est conditionnée par tous les apprentissages qui ont été faits dans l’enfance. Certaines réactions ne sont plus du tout d’actualité. Elles se sont construites dans des situations dans lesquelles nous n’avions pas de vision globale.

Nous sommes tous victimes des structures inconscientes de notre cerveau qui ont été programmées dans l’enfance

Bien sûr, certains programmes sont efficaces et c’est pour ça qu’il y a des gens qui réussissent tout. Parce que leur enfance les a bien programmés. Pour les autres, c’est plus dur !

Mais surtout, arrêter de croire que vos décisions et vos pensées sont des vérités logiques et rationnelles. Seul un travail de développement personnel permet de se libérer de nos programmes inconscients.

Cependant, il me semble important de finir sur une note positive : Il est assez facile de changer nos structures quand on sait s’y prendre. c’est l’objet de la partie 3 de cet article. Le plus difficile, c’est d’accepter l’idée que notre vision du monde n’est qu’une vision du monde. Ce n’est pas la réalité, c’est juste une façon de voir, un point de vue intéressant.

Par contre, si votre vision du monde ne vous permet pas d’être pleinement heureux, il faut la changer !

La première partie de l’article est disponible ici, elle s’appelle : »t’as raison ! ».

La partie 3 est disponible ici.

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